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Croqué par la terre et ivre d'aurore


Quand la nuit croque la terre,

Quand tu sors, pour une nouvelle fois,

de ta zone de confort pour explorer un ailleurs...

la peur te mort le ventre

Ça n'a rien d'une angoisse

Tu sais

C'est une peur

de se perdre

de s'oublier

de s'enfouir dans un pétrin insurmontable

le rêve de la course interminable arrêtée par une chute dont on ne se relève pas.

Mais, il y a aussi ce quelque chose de stimulant

Quelque chose qui te pique en ton fort intérieur

Et alors, tu chéris l'origine de ton mouvement

Tu remercies au fond de toi la raison première de cette inertie

Tu découvres.

Dans ce voyage fait vers l'ailleurs,

l'ailleurs physique, géographique,

mes yeux s'ouvrent.

J'aime ce soleil qui s'élèvent derrière l'immensité des tours lorsque le jour éveille la ville

J'aime jusqu'à la couleur des appartements parisiens, serrés, vitrés, âgés,

comme témoins d'époque,

comme illustration d'un imaginaire tout entier qui se révèle à travers eux.

Je traverse le cœur de la ville,

Je transperce ces tréfonds

Nuit et jour se succèdent, se répètent

J'aime ces lignes et ces courbes

J'aime ces répétitions et ces coupures

Je mémorise les détails

Bientôt, c'est la sortie.

C'est l'arrivée.

C'est la découverte.

C'est l'ailleurs.

La rigueur du béton s'oublie dans l'étendue de la nature.

Et je respire finalement

comme une petite renaissance,

une victoire sur cette ancienne retenue dont les pans s'effondrent à mesure de mon approche sur l'arrivée

Et dès lors, c'est l'autre qui dérange, qui remet tout en question

jusqu'au geste auquel on ne pense pas

Le soir venu,

vers le retour,

vers le connu,

les émotions reviennent à leur place.

La nature laisse de moins en moins de traces sur le chemin.

Bientôt, la dernière maison avec la branche de lierre...

Bientôt, la succession des grands immeubles croqués par la nuit.

On redécouvre, avec de nouveaux yeux, ces espaces traversés plus tôt, au matin.

Le doré domine.

À la lumière de l'aurore précédent répond alors l'éclairage du cœur des immeubles

Ils ne sont que succession de surfaces vitrées.

Verre, verre, et encore du verre.

Des vitres d'étoiles et d'étincelles qui soulignent les unes après les autres

autant de vies extérieures à toi,

autant d'histoires, de réussites, d'échec.

Ces vies, dont on capture un instant.

Ces vies, dont on mesure subitement l'immensité de leur nombre.

On es troublé

Un peu chaviré.

Ce n'est plus l'autre qui t'étouffe, ce sont les autres.

Ces potentiels t'écrasent

Ces premières impressions sont vives et se gravent dans l'esprit

Elles imprègnent pour toujours notre souvenir.

Souvenir qui illustrera tous les voyages vers cet ailleurs précis

aussi nombreuses que seront les fois où tu emprunteras ce même chemin

Et puis, tu oublieras l'ivresse de la première et tu auras peur à nouveau de poursuives l'exploration des espaces inconnus parce que c'est comme ça que tu y avances.

Il te faudra répéter,

encore et encore

et aussi nombreuses que seront tes découvertes

aussi croqué que tu seras par la peur.

Mais à un moment, lorsque tu la dépasseras, tu reconnaîtras la sensation d'éclosion

la piqûre de rappel.

C'est que tu sais qu'Il faut poursuivre, aller plus loin encore....

Il nous faut du courage hein,

toi aussi tu as peur ?

Est ce que ça t'en donne un peu, du courage ?

Viens, on a peur tous les deux ?

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