top of page

Épuisons nous dans la Culture #2

Bon ce projet de bilan culturel que je voulais mensuel est déjà en retard.

Je devrais écrire tout de suite après avoir vu/lu/regardé quelque chose pour m'y tenir dans les temps et pour que ça aborde tous les points que j'aime ou non... J'oublie trop vite...

Et d'un autre côté, à chaud, la réflexion qu'on a sur un sujet n'est jamais aussi aboutie qu'après quelques jours.

J’essaierai de faire différemment la prochaine fois. (Peut-être un après/après ++ ?)

Voyons déjà ce que je peux tirer de ce mois de Novembre !

Je rappelle que ces "critiques" sont éminemment subjectives et que je ne recherche en aucun cas à les construire sur le modèle des standards de la presse spécialisée.

Amateurs de pensées libres et jaillissantes y trouverons leurs comptes

Littérature

Des découvertes ont été faites, ça c'est le moins qu'on puisse dire.

J'ai commencé avec Olivia Rosenthal Que font les rennes après Noël , (en vrai le 3e livre que je lis d'elle et presque d'affilé). C'est le dernier parce que, pour le coup, je me suis faite avoir. A vouloir vraiment explorer son style, je m'en suis un peu dégoûtée.

Pas que ce ne soit pas un "bon" livre ! (faudrait définir pour être vraiment clair mais ce n'est pas l'objectif du moment, je me laisse la liberté de ne pas être plus précise)

C'était une lecture amusante/divertissante dans un style dérangeant (comme toujours avec elle...cf. le bilan #1).

Les parallèles entre les personnages sont assez recherchés. Elle explore assez bien le thème du mal-être et du sentiment de solitude et d'inadaptation à la vie... C'est un livre vraiment fort en soi et que je soupçonne d'être plutôt autobiographique d'ailleurs. Mais j'ai été lassé par le style et cette méthode de construction récurrente dans son travail.

Ensuite j'ai plongé avec Le café de la jeunesse perdue dans l'univers de Patrick Modiano que je ne connaissais pas. Une belle lecture, un peu rapide à mon sens. Les changements de points de vue sont prenant, les personnages énigmatiques. On est tenu en haleine mais j'avoue ne pas en garder un souvenir impérissable. C'est resté un moment agréable mais sans plus.

La rage de l'expression de Francis Ponge. Classique, Poésie, Surréalisme.

Un écrit sur la création et sur l'inspiration.

Sur le travail aussi et les techniques d'un auteur.

J'ai trouvé cela un peu répétitif et difficile à suivre jusqu'au bout...

Mais ensuite j'ai lu du lourd !

D'abord Le noir est une couleur de Grisélidis Réal. Récit autobiographique d'une femme prostituée qui fuit un homme (et un pays) pour garder sa "liberté"/son indépendance, avec ses deux jeunes enfants.

C'est dur comme histoire. On touche à une pauvreté extrême, une lutte constante pour survivre, des anecdotes sur la maladie et sur des rapports sexuels parfois violents, tout ça avec un vocabulaire "simple", crue mais très bien écrit. Certaines descriptions sont très belles.

On "adhère" dès la première page au pacte de lecture (l'histoire qu'on va nous raconter et le style employé tout du long). On continue pages après pages pour connaître la suite de cette histoire somme toute très sombre.

Le lecteur est dans une position de voyeur. C'est inconfortable mais c'est toujours le cas avec ce genre d'histoires...

J'ai adoré ce livre même si expériences après expériences je m’agaçais des choix du personnage.

Son rapport aux hommes est complètement paradoxal. Elle les aime. En même temps elle veut son indépendance mais elle dépend d'eux pour l'avoir puisqu'elle se prostitue. C'est très fort comme livre. Ça fait beaucoup réfléchir...

Juste après je me suis plongée dans La Vie Sexuelles de Catherine M. de Catherine Millet.

J'ai aimé le thème, le chapitrage aussi est captivant parce qu'il n'est pas chronologique mais plutôt sous forme de sujets...c'est moins attendue comme construction.

Le style est relativement simple et direct. Oui c'est cru.

Mais ce que j'ai trouvé vraiment intéressant c'est la manière dont elle parle de sa sexualité

Elle expose un point c'est tout.

Sans en faire trop

Sans prendre de parti

Sans jouer de jeu

C'est simple et claire.

Ça montre la complexité de la féminité sans jamais en parler directement et ça ça fait du bien.

J'avoue que ça dédramatise aussi beaucoup de choses, et je ne sais pas encore quel avis j'ai là-dessus.

Dire que rien n'est tabou, que tout est normal... C'est aussi un état/une ouverture d'esprit et je pense que ça a quelque chose de bon et de positif sans pour autant que je désire mener une existence semblable. C'est vrai qu'il y a toujours un moment où le lecteur se compare et ça peut provoquer un questionnement intérieur.... Une remise en question est toujours bonne à prendre pour comprendre ses propres choix...

En fait, ce qui m'a le plus "dérangé" c'est l'origine de cette nana.

- Bourgeoise parisienne dans le milieu de l'art, fière d'avoir expérimentée beaucoup dans sa vie

- Assez courageuse pour en faire un livre,

- Assez modeste pour dire qu'il n'y a pas de fierté à avoir...

Pour ces trois raisons, il est un peu agaçant ce livre, surtout en comparaison de Grisélidis Réal qui montre le sexe comme un moyen de survie, en lien avec la pauvreté et l'urgence d'une situation plus que précaire... Ici c'est plus...superficiel... plus un passe-temps, un vagabondage, c'est léger.

Elle ne s'engage pas dans des réflexions pour savoir ce qui est bien ou pas, ce qui est morale ou non. Elle l'évoque, l'explique, le contextualise. C'est reposant en quelque sorte.

Y aurait encore tellement à dire mais faudrait que je le relise à nouveau pour le faire...

Mais je suis contente d'avoir rencontré cette oeuvre.

Cinéma

J'avoue je n'ai pas regardé L'Hôtel du Nord de Marcel Carné, le DVD est resté triomphalement sur le bureau à me narguer mais je n'ai jamais eu assez envie pour le lancer...

J'ai commencé avec La Sapienza d'Eugène Green, première entrée dans l'univers de Green...

C'est un film clairement lié au théâtre.

L'architecture italienne (toutes en lignes, en géométries, en couleurs) est époustouflante à travers les travellings . Les premières minutes sont merveilleuses...

Au début, j'ai eu beaucoup beaucoup de mal avec les cadrages (en plan de face pour les dialogues entre les personnages). Mais il semblerait que ce soit le truc de Green.

C'est un beau film. Loin de tout ce que je connais. Sans doute un peu conceptuel.

Il ne se passe pas grand chose et c'est très frustrant pour le spectateur, c'est vrai mais

on finit par s'y faire et apprécier cette lenteur...

J'ai poursuivie avec Love de Gaspard Noé.

J'ai adoré

parce que c'est un film très très intense.

Toutes les images, les couleurs, les lumières, les jeux d'ombres, les plans, les scènes,

tout est très beau, travaillé et visuellement très marquant.

On ne dirait pas que c'est un film à petit budget. J'ai d'abord cru que c'était un style voulu. Mais c'est pas plus mal parce que du coup c'est sans fioriture... Il n'y a pas tension sexuel mais sexe tout court entre deux personnes qui s'aiment et ça c'est pour le coup la meilleure représentation que j'ai vu. Cet amour-là fait qu'aucune des scènes n'est vulgaire ou surjouée. Elles sont là et elles sont très douces.

Alors bon la question des tabous, de la pornographie ...

J'ai même pas envie d'en parler parce que ça gâche le truc, c'est un genre qu'on ne regarde pas avec n'importe qui, Ok (C'est pas ce qu'on fait dans un cinéma ? oO'''). Je vais simplement dire que j'en garde un beau souvenir et que pour ça, ça vaut le coup.

J'ajoute à la liste deux films de Lars Von Trier Nymphomaniac 1 & 2

(Décidément, c'était un mois culturellement érotique... )

Diptyque très marquant, le 2 est la continuité pure du 1.

beaucoup d'incompréhension face au premier (la première fois, les scènes d'ado dans le train, bon.)

hyper hyper déçue par la fin du 2

Certaines scènes me hantent encore...

Le concept m'a énormément plu : suivre un personnage de ses débuts sexuels jusqu'à sa "chute".

J'ai beaucoup apprécié la construction du double récit avec la répétition de l'alternance présent/flash Back qui entretient le suspense et tient en haleine le spectateur tout du long... Le film est une succession d'histoires.

Une Charlotte Gainsbourg parfaite, femme, pas un mannequin créé de toute pièce.

Y a quelque chose de niais (dans le rapport au père, à la famille, un peu poétique) qui renforce le contraste avec cet inassouvissement sexuel permanent.

Après y a une banalisation du corps nu qui est un peu fatigante.

Il ne me reste pas en tête de belles images, au contraire de Love...

Art

Peu d'art ce mois-ci parce qu'avec le boulot j'ai eu du mal à sortir de chez moi le reste du temps. Je sais c'est dommage... Mais j'avais beaucoup fait en octobre alors disons que ça compense.

Je ne suis allée voir aucune galerie alors que c'était quand même l'objectif. Bon je n'ai pas joué le jeu.

Par contre si je ne suis allée voir qu'une expo et une conférence à la Fondation Henri Cartier Bresson (pas le même jour en plus !), c'était génial !

L'exposition Louis Faurer m'a permis de découvrir cet artiste américain dont le travail est magnifique.

Se baladant dans le New York des années 50, il cherche le détail, le cadrage, la lumière qui fait tout.

Chacun de ses clichés relève du hasard mais est quand même travaillé,

Il touche juste,

Il montre quelque chose d'inattendu à chaque fois...

Le traitement de la lumière, c'est une évidence, est juste incroyable. Si je ne devais donner qu'une raison de regretter l'argentique, c'est celle-là !

Le miroir et la transparence sont aussi des motifs qui reviennent souvent. Ça donne des compositions presque abstraites parfois. Qu'est-ce que c'est beau....

Je trouve ça très poétique.

C'est amusant aux premiers abords

mais ça cache des vérités très dures, la pauvreté, la mendicité, la violence ou la solitude.

et en même temps, comme il capte souvent le mouvement, il y a quelque chose de suspendu que notre imaginaire développe automatiquement.

On peut difficilement rester insensible face à ces photographies...

J'ai assisté enfin à une rencontre hyper inspirante, et belle, et un peu folle sur l'Histoire photosensible de la photographie sans appareil avec Marc Lenot, historien de l’art et auteur du blog Lunettes rouges, qui travaille à la réalisation d'un ouvrage sur le sujet (pour juin 2017)

+ Juliana Borinski, et Denis Bernard, tous deux photographes qui expérimentent des techniques sans appareil.

Je ne savais même pas qu'il existait des personnes qui travaillent uniquement avec le papier photosensible en délaissant l'appareil... Ça donne des choses incroyables !

On n'est plus du tout dans la représentation du réel mais dans l'abstrait et le conceptuel et c'est beau !

Lenot faisait une comparaison entre le développement du numérique aujourd'hui qui permet aux artistes d'expérimenter autres choses (au-delà de la simple représentation du réel), avec la période de l'émergence de la photographie qui a laissé la place aux peintres d'explorer d'autres formes de représentation conduisant ainsi au fauvisme/pointillisme/cubisme/ etc...

Comme si on avait mis le temps sur pause pour regarder ce qui se passe en art ce soir-là...

Très chouette!

Voici quelques travaux évoqués lors de cette rencontre :

- les empreintes faites au révélateur par contact sur papier photographique noir et blanc 2013/2015 de Morgane Adawi

- Les Chimigrammes de Pierre Cordier

- Enfin, quelques exemples des expérimentations de Juliana Borinski

Chacune de ces images renvoient au site internet des photographes...Régalez-vous !

Voilà donc mois de Novembre riche en découvertes, beaucoup d'étonnement.

Quel bilan ? Ça m'a ouvert de nouvelles perspectives

Suscité l'envi de créer des choses

Je suis persuadée que l'état d'esprit dans lequel on est quand on rencontre une oeuvre (quel qu'elle soit), influence complètement notre vision et notre appréciation de celle-ci.

C'est bien de sortir des chemins qu'on a l'habitude de prendre,

de voir autres choses

de voir ailleurs

c'est ça qui me nourrit et qui m'inspire

C'est aussi comme ça qu'on se construit et qu'on se trouve, qu'on trouve ce qu'on préfère

et c'est en mettant des mots sur tout ça qu'on en comprend les raisons...

Maintenant que je viens de mettre ça noir sur blanc,

Je suis de nouveau motivée pour poursuivre et aller encore voir ailleurs

Le mois de décembre sera fort complet aussi !

Sans doute moins pointue et d'un genre bien différent mais pas inintéressant !

Alors tu as fait des belles rencontres toi aussi récemment ?

Si tu as vu/lu/regardé ce dont je parle ici, qu'est ce que tu en dis, toi ?

bottom of page