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Lombricompost : des vers à la maison ?

là c'est Maurice...

Lui, c'est Maurice...

Pendant des années, ça ne me dérangeait pas de jeter mes épluchures à la poubelle. Pour être honnête, je ne savais pas qu'on pouvait faire autrement, surtout en appartement. Et puis, au fur et à mesure de mon intérêt pour le zéro déchet, chaque trognon de pomme devenait un petit martyre.

En me renseignant sur la question du compostage, je suis tombée sur cette histoire de lombrics : un compost dans lequel des vers mangent les déchets organiques (concrètement - 35 kg de déchets/pers/an) et nous avons décidé de nous lancer.

Cette solution, bien que surprenante aux premiers abords (on va mettre des vers chez nous oO ?), nous a parut la plus adaptée pour notre vie en appartement. Par challenge et par intérêt, nous avons donc sauté le pas 6-7 mois plus tard. (Derrière chaque mot souligné, un lien renvoie vers une vidéo que j'apprécie.)

1.BUDGET

2.MISE EN ROUTE

3. L'APPORT

4. BON A SAVOIR

EN CONCLUSION

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BUDGET ?

Il faut compter entre 80 et 100 euros pour un modèle injecté, que l'on trouve généralement dans les magasins spécialisés ou sur internet. Le prix dépend du format et des matériaux. Ceux-là nous ont semblé assez chers mais a priori ça dure pour la vie. D'ailleurs, le plastique a cet avantage d'être léger et de ne pas se dégrader avec l'humidité contrairement à la version bois. Voilà pourquoi nous avons choisi cette option.

Beaucoup de personnes s'en confectionnent eux-mêmes avec deux bacs qui s'encastrent, un robinet et un couvercle. Il existe des tutos si ce challenge vous intéresse. Nous avons été moins emballés par cette question bricolage. On voulait déjà savoir si le système fonctionnait bien en lui-même sans risquer un dysfonctionnement à cause d'un défaut de conception.

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MISE EN ROUTE

Le colis contenant les bacs arrive dans un premier temps. Les vers font l'objet d'une livraison spéciale et express quelques jours plus tard. (J'ai appris ensuite qu'il existait de petits "réseaux" locaux de dons de vers mis en place par des propriétaires de lombricompost. Ceux qui veulent démarrer ou remettre le leur en route sans acheter de vers spécialement peuvent donc aussi passer par cette voie là.)

Petit conseil : pour choisir l'emplacement de votre lombricompost, privilégiez un endroit plutôt frais qui ne sera pas sujet aux variations de températures (les fortes chaleurs impactent directement les vers).

La mise en route se fait avec un premier bac + un bac de récupération d'eau avec le robinet (ce sera le puissant thé de compost à utiliser avec précaution : 1 valeur de thé pour 10 valeurs d'eau pour enrichir les plantes de temps en temps).

JOUR 0.

Le bac principal est donc composé de :

- un peu de substrat (terre),

- du papier

- du carton humide,

On mélange le tout et on y place les vers de terre. Pour qu'ils s'habituent à leur nouvel environnement, on les laisse tranquille. Il existe deux espèces de vers (Eiseinia Fetida et Eisenia Andrei) qui sont tout à fait communes en Europe et qui vivent naturellement dans les 10 premiers cm de la terre. C'est eux (entre autres) qui viennent faire le premier travail de décomposition. Ici pour plus d'informations.

JOUR 2.

On ajoute une minuscule quantité de déchets afin qu'ils ne meurent pas de faim (pas d'inquiétude comme ils mangent le carton ça ne peut pas vraiment arriver). C'est une manière de les mettre doucement en route.

JOUR 7.

Au bout d'une semaine (le temps qu'ils consomment ce qu'on leur à mis en fait). Quelques vers peuvent s'échapper la nuit (les vers détestent la lumière, ça n'arrivera donc jamais de jour) mais rien de grave. Ils doivent s'habituer à leur maison et quand ils seront occupés à manger/circuler/dormir/faire des bébés, ils ne penseront plus à explorer le monde extérieur... Quand ils sont biens, ils ne s'échappent pas et inversement.

JOUR 14.

Passé ce délais de 2 semaines, on incorpore petit à petit nos déchets en "divisant" bien notre bac en deux parties.

C'est à dire :

1. On ajoute des déchets uniquement sur un seul côté (gauche ou droite)

2. On attend que ce soit consommé (une à deux semaines normalement) puis on ajoute sur l'autre côté,

et ainsi de suite.

Ce système favorise la circulation des vers dans notre bac et il permet surtout d'éviter les pertes si jamais "quelque chose se passe mal". Si vous mettez trop de déchets et qu'il y a fermentation (ce qu'ils détestent) ils peuvent ainsi fuir de l'autre côté du bac, sans fuir tout court en dehors du lombricompost.

On évite ainsi les agrumes et les déchets d'oignons/ails (qui sont vermifuges) et surtout on va doucement ! Les premiers mois, les vers ne peuvent pas manger vite, ce n'est donc pas la peine de leur mettre trop de nourriture au risque de la voir fermenter. Il faut y aller très doucement pour leur donner un rythme. Ensuite, quand ils ont commencé à se développer, on peut augmenter un peu les doses. Mais ça se fait très progressivement.

C'est vrai, c'est très frustrant mais c'est ce qui détermine une bonne routine pour la suite.

MOIS 3-6.

Au bout de quelques mois, tout doit rouler impec'. Ça ne doit pas sentir, ça ne doit pas être trop mouillé, il doit y avoir un peu d'autres bestioles (acariens etc.) qui s'occupent de ce que les vers ne font pas. On constate tout un micro-environnement...

Quand le 1er bac est rempli et que tout est globalement transformé, on peut alors en ajouter un bac et/ou récupérer le compost. Ce dernier est à couper avec de la terre de vos plantes et du sable dans une proportion 1/3+1/3+1/3.

Plusieurs méthodes existent pour faire la récolte. Celle qui me semble la plus facile : inverser ses bacs en ouvrant celui du haut. Superposer le bac de compost à récolter sur le bac de déchets en cours. On laisse le bac de compost sans couvercle, à la lumière du jour pendant plusieurs heures pour favoriser la descente des vers. Quand on est sûr d'avoir évacué la plupart des lombrics (il en reste toujours un peu), on récolte son compost.

Si vous ne savez pas quoi faire de votre compost parce que vous en avez trop ou vous n'avez pas de plantes vous pouvez toujours en faire don :

- à vos amis, votre famille

- à vos voisins

- à une association,

- à des inconnus autour de vous : n'hésitez pas à intégrer des groupes locaux sur facebook ou à mettre des petites affiches à la boulangerie, à la mairie etc. C'est l'occasion de créer du lien social !

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L'APPORT

Pour les nourrir, il suffit de suivre cette méthode simple (trouvée ici) :

- une couche de papier/carton ("litière de fuite" ou le lieu où ils vont dormir et se reproduire !)

- nos déchets + carton/papier mélangés (c'est la nourriture, le carton vient en corriger l'acidité)

- une couche de papier/carton (litière de fuite et de protection contre les envahisseurs potentiels : les drosophiles) (Droso pour les intimes)

En respectant bien la technique de séparation du bac en deux parties pour permettre le déplacement des vers, je les nourris toutes les semaines. J'aime attendre qu'ils aient bien dégradé les déchets de la semaine précédente avant de faire un nouvel apport.

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BON A SAVOIR

Je vous fais cet article comme si cela était d'une simplicité... Évidemment, chez nous ça ne s'est pas DU TOUT passé aussi bien. Ça ne fait que deux-trois mois que ça roule vraiment comme sur des roulettes. Le lombricompostage, c'est un véritable écosystème qu'il faut entretenir mais qui évolue aussi constamment (de par nos apports) donc qui est fragile... Mieux vaut être modeste et très patient.

Nous avons fait toutes les erreurs de débutants parce que nous n'étions pas assez renseigné et que certains aspects ne sont pas aussi clairement transmis dans les fiches d'utilisations. Nous avons mis le nôtre en route en juin. Entre notre impatience, notre ignorance, la canicule et les fruits légèrement flétris qu'on y mettaient, ça été la grosse grosse pagaille !

Regardez les traces au niveau des trous. Ce sont celles des fichus drosophiles...

Mauvaise expérience 1. Mes vers fuient le compost

A la suite d'une peau de melon boudée pendant 5 jours, exode générale pendant la nuit. J'ai eu un coup au cœur en découvrant presque tous mes vers desséchés à 6h du matin sur le sol...

Solution n°1 : Observez bien vos vers et ne laissez pas les aliments qu'ils fuient.

Solution n° 2 : Réduire les apports : un surplus de fruits n'est jamais idéal.

Solution n°3 : Privilégier l'équilibre alimentaire !

Mauvaise expérience 2. Invasion de moucherons

J'en parlais à la fin de cet article. En observant mon lombricompost, j'ai compris que les drosophiles faisaient des allés-retours à travers les interstices des bacs et pour les plus petites d'entre-elles, par les trous du couvercle. Je me souviens de mon dégoût en découvrant la population de larves caractéristiques. J'ai mis du temps à rassembler tout mon courage pour affronter cette épreuve. C'était très dur pour moi et malheureusement nous avons eu beaucoup de mal à venir à bout des moucherons. Ils reviennent régulièrement. Nous sommes sans doute dans une "zone favorable" (près d'un marché et d'un canal) à leur arrivée/développement et que le modèle de bacs que nous avons n'est peut-être pas assez adapté.

Solution n°1 : concevez un tapis protecteur entre vos déchets et l"'extérieur" pour éviter que les moucherons puisse y accéder : beaucoup de carton, des coquilles d’œufs broyées voir même de la terre ! Les moucherons ne pourront plus accéder à la nourriture. Le carton permet également d'assécher l'apport et d'en corriger l'acidité.

Solution n°2 : évitez les épluchures de fruits et tout ce qui peut être sucrée (favoris des moucherons). Certains conseillent même d'arrêter tout apport pendant 3 semaines minimum afin de stopper la prolifération des moucherons.

Solution n°3 : stockez vos déchets dans une boite fermée et au frigo si possible pour limiter la contamination.

Cette dernière solution aide beaucoup. Depuis que j'utilise une poubelle de "transition" (dans mon frigo) pour stoker mes déchets organiques d'une semaine à l'autre, moi et mes vers, on est de nouveau opérationnel !

Mauvaise expérience 3. Les températures grimpent

Je disais plus haut qu'un endroit frais est plus stratégique pour votre lombricompost. En effet, les vers n'apprécient pas trop les températures élevées et si votre logement y est sujet, comme l'est le nôtre, vos vers vont cuire au bout de quelques jours. Je dis cela en connaissance de cause car nous avons perdu tous nos vers de cette manière...

Solution n°1: Privilégiez les zones fraîches de votre logement et/ou déplacez votre compost dans un endroit frais (cage d'escalier, cours ?)

Solution n° 2 : Placez des pains de congélations dans votre bac d'apport afin de conserver une température basse

Solution n° 3 : Arrêtez les apports pour éviter de faire travailler vos vers, le temps que les températures redescendent.

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EN CONCLUSION

Ce système en plus d'être amusant, est très intéressant. Pour éviter les erreurs, il vaut mieux se plonger dans la biologie pour en comprendre les mécanismes. Je me suis rendue compte que je n'avais conservé aucune base de mon côté et ça m'a donc fait du bien. On ne sait pas toujours comment fonctionne la nature et on fait des bêtises en croyant au bon saint esprit ou à "mère nature". Etre curieux et chercher les réponses scientifiques à nos questions reste une valeur sûre et c'est assez gratifiant de "savoir"...

Néanmoins, concernant le système en lui-même, j'aurai quand même quelques critiques. Avec de la patience et de bons gestes, le lombricompostage fonctionne assez bien. Nous vivons en appartement et cela nous a vraiment permis d'éviter de jeter "bêtement" nos épluchures à la poubelle. Pour ce mettre sur le chemin du compostage, c'est une formidable option. Je le conseille donc si vous n'avez rien d'autre à votre disposition.

Maintenant, comme vous avez pu le constater, c'est assez fastidieux et capricieux, soyons honnête. Il faut trier ses déchets et faire des apports relativement maigre par rapport à ce qu'on produit réellement. Nous cuisinons beaucoup de fruits et légumes frais. Même si nous essayons de trouver des alternatives pour consommer les épluchures, nous en produisons, à deux, quand même beaucoup plus que ce que les lombrics peuvent assimiler d'une semaine à l'autre. Notre bac tampon prend donc beaucoup de place dans notre frigo... Evidemment, mon rêve serait de vivre dans une petite maison avec un grand jardin où je ferais mon potager et où j'aurai des petites poules et un compost...mais d'ici là, cette alternative reste celle que nous utilisons jusqu'à en trouver une peu plus facile (comme le compost collectif par exemple...).

Derniers sites pour la route :

e-book sur le lombricompostage, à lire absolument :

https://gumroad.com/l/10lombrierreurs#!

Le site de mon chaman asiatique australien de référence POUR LA VIE :

https://thelittlewormfarm.com/en (il y a des infos sur les sortes de vers et des photos impressionnantes en macro)

Pour ceux qui ont Facebook, ce groupe est une mine d'informations très précieuses.

Il permet de partager ses angoisses et d'avoir des conseils personnalisés (ce qui est le vrai plus !) :

Lombricompostage : Les vers mangent mes déchets !

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