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Lessive fabuleuse de Marseille

Quand j'étais petite, j'aimais deux choses: l'odeur des draps chez ma mamie et réciter les dialogues de Cendrillon dans mon bain devant un miroir. Mes parents soulignent encore la qualité de mes imitations, ce qui fait partie de mes dossiers les plus honteux.

La culture des animés américains a envahit mon enfance mais ne m'a pas traumatisé. Avec du recul, je pense que ça a même fait de moi quelqu'un de relativement équilibré.

Je crois profondément aux théories freudiennes à propos de l'influence de l'enfance sur la vie d'adulte même si je suis la première à reconnaître qu'on reste maître de ses choix. Quand j'y réfléchis, certaines images de Ma sorcière bien aimée me hantent encore et je me suis longtemps sentie complètement démunie devant une pub Starwax the fabulous. Toute proportion gardée, je crois bien que ça a influencé ma consommation de bicarbonate de soude et mon féminisme.

Mais pas de manière inversée.

Mon seuil de tolérance à la saleté est très bas. S'il existait une étude sur la France entière, je serais sans doute juste entre les agents d'entretien et les maniaques.

Ma mère est pareil.

J'ai vu trop de femmes autour de moi s'appliquer aux tâches domestiques.

Quand je suis entrée en fac, j'ai commencé à réussir mes lessives toute seule, sorte d'accomplissement et d'honneur gagné à la sueur de mes engueulades avec ma mère pour un pull en cachemire rétréci, un tee-shirt blanc devenu rose et plusieurs dentelles décousues. J'ai bien retenue la leçon : blancs/couleurs/noirs, une lessive et un programme pour chaque, des lingettes anti-décoloration, du désinfectant, de l'assouplissant et un anti-calcaire pour la machine.

Pendant longtemps (c'est-à-dire jusqu'à ce que je paie avec ma propre carte de crédit), j'ai eu l'impression d'être la complice d'un secret mondialement gardée par la gente féminine.

Dans la pratique, mon humeur a radicalement changé de cap lorsque j'ai eu a gérer un budget et trainer les bidons hors de prix du magasin jusqu'à chez moi. Soudainement l'odeur de fleur magique du linge propre ne m'attirait plus avec la même force.

C'est comme ça que j'en suis venue à faire mon propre produit à lessive.

Recette ultra simple (parce que l'industrielle c'est lourd, ça sens le chimique et c'est chiant) :

- du savon noir et du savon de Marseille à part égale (20 g chacun pour 1L de lessive)

- 1 cuillère à café de cristaux de soude

- 1 L d'eau

- 15 gouttes d'huile essentielle au choix (facultatif parce que ça s'estompe vite et que c'est mauvais pour les enfants)

Faire fondre ses savons dans l'eau bouillante avec les cristaux de soude.

Laisser un peu refroidir

ajouter éventuellement l'huile essentielle

Verser dans une bouteille en verre et c'est fini.

utilisation : un petit verre à chaque machine. Ajouter du vinaigre blanc en guise d'assouplissant et du percarbonate pour le blanc. Pour les tâches tenaces, frotter au préalable avec du savon de Marseille.

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