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Love 1971 (Musée Yves Saint Laurent)

Si J'aime tant Paris, c'est parce qu'il y règne un microcosme culturel puissant et complètement dingue.

Je sais que j'ai une image que les parisiens diraient surfaite.

Que voulez vous, mon Paris est celui du touriste subjugué,

celui d'Amélie Poulain ou de Woody Allen.

Atypique, croustillant, saugrenue et surtout charmant.

Évidemment, je reviens avec un sujet aussi cliché que celui de la mode dans Paris.

Croyez-le ou non, dans cette histoire qui est celle d'Yves Saint Laurent, il y a beaucoup d'inspiration géographique et ça fait tout son charme je crois.

C'est un musée tout "neuf" qui a ouvert dans le 16e, Avenue Marceau, dans l'ancienne et originelle maison de couture Saint Laurent. Dans l'histoire des musées de mode français, c'est le premier à avoir ouvert dans les locaux d'origine !

Ce détail n'en est pas vraiment un. Le parcours est ainsi à la fois immersif, intimiste, mais aussi hasardeux. On monte, on descend, on se perd, on fait demi-tour. Si l'exposition Dior aux Arts décoratifs permet un cheminement relativement linéaire des collections (à n'en plus finir), ici les espaces sont bien plus restreints. Mais c'est aussi ce qui fait qu'on se balade et finalement je trouve cela assez magique. Qu'on ne soit pas totalement pris par la main et qu'on ait la liberté de revenir sur nos pas dans notre parcours...

Néanmoins on peut savourer tout un décor qui englobe l'immeuble entier. De la plaque d'entrée au présentoir de la boutique en passant par la moquette du petit salon... Tout est soigné et on se sent assez privilégié lorsqu'on circule dans ces murs.

Personnellement, je suis très friande des histoires de "réussite", celles de personnes parvenues à la postérité grâce à leurs rencontres, leur travail et leurs inspirations...

J'ai lu toutes les biographies de Coco Chanel et j'adore celles d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé. Je me souviens même être allé voir le film de Jalil Lespert au cinéma lorsqu'il est sorti quand j'étais étudiante... (Le trio Guillaume Gallienne, Pierre Niney et Charlotte le Bon vaut le détour!).

Ce musée (nouvelle peau pour la fondation) consacre le travail de toute une vie, celle d'YSL mais aussi celle de Pierre Bergé, l'homme de sa vie, celui qui a sans aucun doute assuré la conservation de toute l'oeuvre du couturier... Clairement, le lieu est magnifique. Il est également bien fourni : on y voit plusieurs films sur l'histoire des collections, sur l'histoire des deux hommes, sur les coulisses de la maison de couture : de la création à la vente des vêtements. Ils conservent ainsi plus de 5 000 pièces, vêtements, croquis, accessoires, ce qui est énorme. Depuis 1982, YSL appose la mention d'archivage M dans sa "bible" (le classeur de références avec les croquis des collections à venir) sur les vêtements qu'il souhaite garder au fur et à mesure pour ce futur musée qu'il envisageait déjà de réaliser avec PB.

Ils ont ainsi conservé tout ce qui entoure les vêtements : les croquis, les références des tissus utilisés et des fournisseurs contactés, le nom des mannequins porteuses et les dates et lieux des défilés,

mais aussi tout ce qui entour la vente : le nombre de modèles réalisés, les retouches et le nom des clientes privilégiées.

Je crois bien que le clou de ce spectacle, c'est la reconstitution de l'atelier au dernier étage. Avec les grands miroirs, l'énorme bibliothèque d'inspirations, les moodboards, les objets fétiches, les croquis, et cette fameuse bible qu'on peut apercevoir... C'est un univers inspirant et un peu surréaliste en même temps.

Pour le visiteur qui serait déjà aller voir l'exposition Dior, ou qui aurait assisté à la réstrospective YSL au Petit Palais en 2008, celui-ci serait sans doute un peu déçu. En effet, il n'y ici pas la place d'exposer 700 modèles (moins de 150 je pense). Pour cette exposition inaugurale, seules les iconiques sont présentées:

le smoking évidemment (YSL est le couturier qui a mis le smoking aux femmes),

la saharienne (assez passé de mode, je dois l'avouer...),

la combinaison (tellement en vogue en ce moment)

la cape aussi et évidemment le trench...

Bref des pièces iconiques, que presque toutes les femmes ont aujourd'hui dans leur penderie.

Des pièces qu'on peut en tout cas trouver partout et dont il est à l'origine ! C'est un peu dingue non ? Il me revient en tête cette scène géniale du Diable s'habille en Prada (David Frankel, 2006), celle du pull bleu céruléen ...

Quand on se balade entre ces modèles exposés, on prend conscience qu'il y a vraiment eu quelqu'un un jour qui a créé pour la première fois un modèle que tout le monde porte aujourd'hui avec une sorte de facilité déconcertante. Que derrière ce quelqu'un, il y a aussi une économie et des emplois à couper le souffle. On est un peu comme cette Andy dans le bureau de Miranda Priestly...

Bref les salles consacrent toutes les pièces les plus fortes de la collection YSL et le musée va se réinventer tous les 3-4 mois en faisant tourner les modèles (pour des raisons de conservations) et en mettant à l'honneur certaines pièces à l'occasion de fêtes spéciales (W-E Télérama, Nuit des musées, anniversaire, ... )

Quand je revois mes pauvres photos de téléphone qui ne rendent vraiment pas justice au lieu, il me revient beaucoup de sujets à l'esprit : celui des inspirations artistiques, celles de Van Gogh, Matisse ou de Braque notamment ! Ah cette robe de mariée...

Certains trouvent l'histoire de la mode et celui de la haute couture relativement barbant mais moi j'adore !

Je suis sensible à tout ce qui tourne autour de cette création, les petites mains d'atelier qui ont brodés les motifs, cousus les perles, ajoutés les plumes ou les fleurs de tissus (le musée propose d'ailleurs des vidéos très courtes ultra HD de vues de détails de vêtements) mais aussi les dessins et les croquis qui ont fait émerger les idées de plissé, de tombé, de coupe des vêtements, les tests de matières, de tissus, de transparence, de brillance... C'est tout un cheminement et une évolution derrière chacune des pièces textiles mais aussi des bijoux...

Le musée retrace bien toutes ces petites histoires avec parcimonie. L'inspiration du créateur se communique facilement au visiteur mais on comprend aussi l'importance des petites mains qui ont permis la réalisation des pièces les plus folles.

Je pense que c'est un lieu qu'il faut explorer plusieurs fois pour en mesurer tous les fragments. D'ailleurs, pour des raisons de conservations, d'ici 4 mois, les modèles exposés vont "changés" et les icônes vont être illustrés par d'autres œuvres semblables. Ils ont en réserves deux robes de mariée Braque, vous y croyez ? Bref il y en aura encore pour tous les cœurs !

Je vous revois bientôt avec d'autres découvertes pour les yeux et pour le cœur <3

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